Pour la deuxième année consécutive, le Syndeac est intervenu lors du Congrès des maires de France. Deux sujets au programme : les enjeux budgétaires et les problématiques croissantes liées aux libertés de création et de programmation.
Premier financeur du spectacle vivant, le bloc communal (communes et intercommunalités) est confronté, comme les autres collectivités, aux économies importantes demandées par le Gouvernement. Dans ce cadre, les politiques culturelles sont souvent sollicitées pour “participer à l’effort” global, ce qui se traduit de manière très concrète par de nombreuses annonces de baisses de budget pour 2025.
Les prises de parole des élues et élus présents lors du Forum “Les communes face à une offre de spectacle vivant sous tension” ont malheureusement conforté l’analyse syndicale que nous portons dans le cadre du projet de loi de finances 2025. En effet, les maires présents ont quasi unanimement indiqué que leur budget consacré à la culture allait être amputé l’an prochain.
On ne peut qu’insister ici sur le fait que les élues et élus qui ont pris la parole dans ce Forum consacré au spectacle vivant sont des maires particulièrement en soutien du secteur culturel : cela ne peut que laisser présager des coupes budgétaires encore plus sombres dans des communes où la culture est moins défendue.
Dans le même temps, les professionnelles et professionnels du spectacle vivant rencontrent des difficultés croissantes à défendre leur liberté de création et de programmation. Les avis partagés des maires qui ont pris la parole sur le sujet doivent nous alerter.
Le financement d’un lieu de spectacle par une commune justifie-t-il que le maire de ladite commune ait un droit de regard sur la programmation ? Le financement d’une équipe artistique par une collectivité justifie-t-il que ladite collectivité ait un droit de regard sur les thématiques abordées dans le spectacle de la compagnie ?
À ces deux questions une seule réponse simple : non. Pourtant, cette réponse, dont les justifications se en premier lieu dans la loi LCAP, ne semble pas ou plus couler de source. La démultiplication des cas d’introuventgérences, de pressions voire de censures, est une réalité constatée par l’ensemble des professionnelles et professionnels de la culture, au-delà du seul champ du spectacle vivant.
Alors que le résumé du Forum indiquait : “l’élaboration de la programmation par les professionnels doit désormais se nourrir d’un dialogue constant avec les élus afin de répondre aux attentes des habitants”, le Syndeac a tenu à rappeler quelques éléments clés :
Les libertés de création et de programmation sont consacrées par la loi.
Le fait qu’une collectivité finance une structure ne signifie en aucun cas qu’il existe une hiérarchie entre le financeur et le financé.
Les structures culturelles et artistiques ont toujours été là pour interroger, bouger les lignes, changer les regards : elles constituent des contre-pouvoirs naturels que les élues et élus doivent respecter en garantissant leur autonomie.
Un ou une élu n’aime pas un spectacle est tout à fait possible et normal ; il est sain que les avis divergent à propos d’une oeuvre et d’un spectacle : c’est le sens même de l’art.
Les collectivités et l’État doivent mettre tout en oeuvre pour maintenir les représentations et avoir confiance dans la capacité des structures culturelles à créer les conditions d’une réflexion collective des habitantes et habitants, à développer leur regard critique.
La soixaitaine d’élues et élus présents, quoique divisée au départ, a majoritairement adhéré à nos propos. Mais il s’agit d’un combat à mener au quotidien. Le Syndeac en est conscient et poursuit à ce titre son travail auprès des associations d’élus et des collectivités territoriales.