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L’appel du Printemps des services publics

Le Syndeac s’associe pleinement au Printemps des services publics. Face à la fragilisation continue de nos services publics et à l’affaiblissement de leurs missions d’intérêt général, il est urgent de réaffirmer leur rôle fondamental dans la cohésion sociale. Nous invitons chacune et chacun d’entre vous à soutenir cette initiative.

Face aux crises, ne choisissons pas entre les enjeux de sécurité et la reconstruction des services publics

Depuis plusieurs semaines, à mesure que se dégrade la situation géopolitique, monte en France une petite musique : nous n’aurions pas les moyens de faire face aux investissements nécessaires au renforcement de notre défense, il serait inéluctable de prélever ces financements sur les services publics, la sécurité sociale et la lutte contre le dérèglement climatique. Alors qu’Outre-Atlantique, l’action de D. Trump met en évidence les conséquences dramatiques de la destruction de toutes les formes du public, nous, associations, syndicats, intellectuel.le.s, ONG et citoyen.ne.s, alertons : notre démocratie est au moins autant menacée par un délitement des services publics que par une offensive militaire. Se donner les moyens d’éviter celle-ci ne peut pas être un prétexte pour dégrader encore les premiers, bien au contraire : ce contexte nous enjoint à renforcer l’ensemble des solidarités qui font le socle de notre démocratie et à réaffirmer le sens d’une contribution commune pour les financer.

Une trajectoire dogmatique

Les attaques de plus en plus fréquentes contre la recherche, l’éducation, la justice, la culture, l’environnement, la santé publique, les politiques d’accueil ou l’aide au développement nous le montrent : partout dans le monde se déploie un projet inédit de casse de la démocratie. Sur la scène internationale, ces attaques s’accompagnent d’une tentation de fermeture des frontières, d’un mépris du droit international et d’une montée des régimes autoritaires.

A l’inverse des exigences du moment, l’exécutif a semblé profiter de ce bouleversement pour poursuivre une trajectoire dogmatique : augmenter les impôts serait impossible, investir dans notre défense nécessiterait donc « des réformes, des choix, du courage » [Emmanuel Macron, 5 mars 2025, Adresse aux Français]. Le message est clair : il faudrait piocher dans la protection de l’enfance pour financer l’armement, réduire les retraites pour améliorer le renseignement, fragiliser l’hôpital au profit de l’industrie militaire. Les services publics et leurs agents sont de nouveau en ligne de mire.

Discours irresponsable

Nul ne conteste la nécessité de ne plus dépendre des Etats-Unis pour notre défense. Mais on ne saurait pour autant oublier les autres menaces pesant sur notre société. Le dérèglement climatique, qui frappait il y a quelques mois encore Mayotte, La Réunion et le Pas-de-Calais, après une année 2024 la plus chaude jamais enregistrée, ne s’est pas brutalement atténué. La crise sociale, avec 4,2 millions de nos concitoyen.ne.s mal logé.e.s, une ségrégation scolaire qui s’approfondit et un enfant de moins de trois ans sur cinq en situation de pauvreté, n’a pas été résolue. La crise démocratique s’aggrave et le recul des services publics accentue le sentiment d’abandon d’une partie de la population et la montée du rejet de l’autre. Plus que jamais, opposer nos priorités vitales est dangereux et mortifère.

Nous le savons : ces dernières années, le principal outil de la casse de nos solidarités a été l’assèchement des financements publics. Entre 2018 et 2023, d’après la Cour des comptes ce sont 62 Md€ d’impôts sur les plus aisés et sur les entreprises qui ont été supprimés [Cour des comptes, Juillet 2024, La situation et les perspectives des finances publiques], fragilisant d’une part les finances publiques et, d’autre part, les services publics qu’ils soient de la justice, de l’énergie, de la culture ou du logement. Conséquences ? Une perte de confiance dans des services publics qui se dégradent, un accès aux droits toujours plus difficile, notamment pour les plus pauvres et des étranger.ère.s, et un déplacement inégalitaire et inefficace vers des alternatives privées : le financement, auparavant supporté collectivement par l’impôt et les cotisations sociales, repose désormais de plus en plus sur les individus, s’accompagnant souvent d’une dégradation de la qualité comme nous l’ont montré les récents scandales liés à la financiarisation des crèches ou des EHPAD.

Réaffirmer le sens de l’impôt

Il est urgent de s’opposer frontalement à ce discours irresponsable qui fustige les “dépenses” pour détruire les services publics et qui refuse la justice fiscale pour accroître la segmentation de notre société. Déjà en 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclamait que “Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.”

Face aux menaces sur nos services publics, nous entendons agir et mobiliser ensemble pour réaffirmer le sens de l’impôt et des cotisations sociales comme contribution commune. Ils constituent non seulement un outil de justice sociale, mais également une nécessité pour permettre de construire des services publics qui répondent aux besoins de la population : apprendre, être en bonne santé, avoir accès à une eau de qualité, à un logement décent, au sport et à la culture, protéger l’environnement, développer les énergies renouvelables et des transports en commun, vivre en sécurité, garantir une justice égalitaire, une recherche et des médias indépendants, assurer des services sociaux et de proximité pour toutes et tous, et bien d’autres encore.

Bien que balayées par l’exécutif, un large éventail de propositions existent pour concilier, sans les opposer, les priorités sociale, environnementale et géopolitique : accroissement de la progressivité de l’impôt, lutte contre l’optimisation fiscale, baisse des exonérations et allégements de cotisations sociales, réorientation des financements publics vers les services publics et à but non lucratif, taxation du patrimoine des plus fortunés et des bénéfices des entreprises, sortie des dépenses environnementales des normes européennes de déficit, suppression des niches fiscales inutiles, etc.

Aucune urgence ne justifie d’abîmer un peu plus des services publics déjà mis à mal. Nos services publics valent bien plus que leur seul coût financier : ils constituent un projet politique de liberté, d’égalité et de solidarité puissamment porteur de sens. La sortie de la dernière guerre mondiale a permis de renforcer ce modèle social et d’en faire un pilier pour la cohésion de notre société. Éviter la prochaine ne saurait conduire à le sacrifier.

 

parmi les premiers signataires - liste non exhaustive

Judith Allenbach – Présidente du Syndicat de la magistrature
Vincent Beaugrand – Directeur général de France terre d’asile
Arnaud Bontemps et Marie Pla – Co-porte paroles du collectif Nos services publics
Sophie Binet – Secrétaire générale de la CGT
Julien Blot – Président du GEPSo (groupe des établissements publics sociaux et médico-sociaux) et Julie Ducolomb-Pechalrieux, vice Présidente du GEPSo
Pascal Brice – Président de la Fédération des acteurs de la solidarité
Pierre Charbonnier – Philosophe, professeur
Lou Chesné, Vincent Drezet et Youlie Yamamoto – Porte-paroles d’Attac
Caroline Chevé – Secrétaire générale de la FSU
Jean-François Corty – Président de Médecins du Monde
Laurence De Cock – Historienne et enseignante
Christophe Delecourt – Secrétaire général de l’UFSE-CGT et de l’union fédérale des syndicats de l’Etat CGT
Cécile Duflot – Directrice générale d’Oxfam France
Sarah Durocher – Présidente du Planning familial
Laurent Escure – Secrétaire Général de l’UNSA
Luc Farré – Secrétaire général de l’UNSA Fonction publique
Julie Ferrua et Murielle Guilbert – Co-déléguées Union Syndicale Solidaires
Léa Geindreau – Coordinatrice et porte-parole d’Action Justice Climat
André Grimaldi – Professeur de médecine émérite
Claire Guièze – Directrice adjointe du Théâtre Dijon-Bourgogne et Joris Mathieu, directeur du Théâtre Nouvelle Génération à Lyon, co-président.e.s du Syndeac
Antoine Gatet – Président de France Nature Environnement
Marie-Aleth Grard – Présidente d’ATD Quart Monde
Patrick Hallinger et Isabelle Mathurin – Co-président.e.s Convergence nationale des services publics
Carole Hazé – Présidente de la Fédération des Mutuelles de France
Elise Huillery – Enseignant-chercheur en économie
Marie Lajus – Haute fonctionnaire, ancienne préfète
Éloïse Lefebvre Milon et Léa Jules-Clément – Co-secrétaire nationale de l’Union étudiante
Michèle Leflon – Présidente de la Coordination des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité
Marylise Léon – Secrétaire générale de la CFDT
Henry Masson – Président de la Cimade
Olivier Milleron – Cardiologue hospitalier, membre du collectif inter-hôpitaux
Manès Nadel – Président de l’Union Syndicale Lycéenne
Pablo Pillaud Vivien – Rédacteur en chef de la revue Regards
Gilles Perret – Réalisateur
Christophe Robert – Délégué général de la Fondation pour le logement des défavorisés
Denis Robert – Écrivain, fondateur de Blast
Jérémie Suissa – Délégué général de Notre Affaire À Tous
Nathalie Tehio – Présidente de la LDH (Ligue des droits de l’Homme)
Marie Vairon – Secrétaire générale de la fédération Sud PTT
Sophie Vénétitay – Secrétaire générale du SNES FSU
Mathilde Viennot – Économiste, co-fondatrice de l’Institut Avant-garde
Gabriel Zucman – Économiste

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