Le Syndeac a officiellement ouvert le chantier des « expérimentations évaluatives ». Après deux ans de riches échanges, notamment avec le monde universitaire, les membres du groupe de travail ÉvaluationS passent à l’action.
Les modalités d’évaluation des structures de spectacle vivant public façonnent les relations que les professionnelles et les professionnels entretiennent avec les financeurs, avec leurs pairs et avec la population. Elles façonnent au quotidien la manière dont nos structures travaillent, créent, produisent et diffusent.
Aujourd’hui, les structures culturelles sont dans une immense majorité évaluées sous l’unique angle quantitatif : combien de spectacles avez-vous créés, produits, diffusés ? combien de spectateurs sont venus dans votre salle ? combien de représentations de combien de spectacles avez-vous faites à destination de combien de publics différents ? etc. Si les chiffres ont une utilité, ils ne rendent pas compte à eux seuls de la richesse de notre activité et des valeurs – non quantifiables – que nous produisons.
La mise en oeuvre des “expérimentations évaluatives” a pour objectif, à moyen terme, de montrer aux principaux partenaires financiers (collectivités territoriales, État-DRAC) qu’il est tout à fait possible d’évaluer autrement nos structures sans que cela ne remette en cause le principe même d’être évalué.
De nombreuses voies pour évaluer autrement existent. Une dizaine de structures représentatives de notre diversité syndicale s’est portée volontaire pour ce chantier. Chaque structure va tenter d’expérimenter une nouvelle évaluation de son travail en accord avec ses partenaires.
Après une phase nécessaire de partage de l’initiative et de conviction, chaque duo (membre du Syndeac et partenaire) pourra construire ensemble les critères d’évaluation qui lui semble le plus pertinent pour le projet. À un projet artistique “situé”, c’est-à-dire inscrit dans un territoire au service des habitantes et habitants, doivent en effet répondre des critères “situés” et une évaluation “située”. La vérité d’un territoire n’est pas celle d’un autre ; la vérité d’un projet artistique n’est pas celle d’un autre non plus.
De nombreux travaux universitaires déjà identifiés pourront servir d’exemple et de base de réflexions pour des évaluations plus qualitatives. Plusieurs grands thèmes qu’il semble possible de “valoriser” dans une évaluation imprègnent ainsi déjà nos réflexions :
- l’objectivation des relations créées avec le public (cartes mentales, entretiens/sondages sur une saison, etc.)
- l’objectivation des relations créées avec le tissu local (cartographie des impacts territoriaux des projets, représentation dynamique des inter-relations sur un territoire, etc.)
- l’élargissement de la gouvernance pour donner aux élu(e)s de la visibilité concrète à nos actions (représentantes et représentants des publics, des partenaires du champ social, des équipes artistiques, etc.)
Le Syndeac espère bien entendu que de ces expérimentations sortiront de nombreux enseignements positifs et de nombreux exemples permettant d’en assurer la valorisation nationale pour une généralisation de la démarche.