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Discours du Syndeac à la nuit d’Avignon

Le discours du Syndeac a été prononcé par son président, Nicolas Dubourg, dans la nuit du 4 juillet.

Dans cette nuit avignonnaise nous avons décidé une nouvelle fois de ne pas éteindre la lumière.

En nous retrouvant si nombreux, nous faisons la démonstration que le spectacle vivant rassemble. En nous donnant le temps pour l’échange, la pensée, la contradiction et le débat, nous faisons la démonstration que le spectacle vivant est toujours l’espace de l’agora citoyenne. En refusant le temps court des réseaux sociaux, en refusant la simplification de la démagogie des propos circulaires, mensongers et simplificateurs, nous faisons la démonstration que dans un monde complexe le spectacle vivant participe de ces nombreuses richesses qu’il
nous reste pour imaginer le monde de demain mais plus encore notre diversité ce soir celle de tous les professionnels qui en s’engageant dans le spectacle vivant mais aussi dans l’éducation, la santé, la justice, les services sociaux et par-delà l’ensemble des services publics refusent de se voir imposer des élus qui sont des purs produits de consommation dont l’aberration des idées qu’ils portent se dissimulent sous le vernis médiatique. Car oui le Rassemblement national tente aujourd’hui de faire une OPA sur tout le débat politique en tissant des parallèles nauséabonds entre la couleur de la peau, le genre, la sexualité ou la religion et les maux qui traversent, notre pays, nos quartiers, nos territoires.

Nous, professionnels du spectacle vivant public, refusons catégoriquement de nous résigner face à ceux qui s’ils sont amenés au pouvoir plongeront notre pays dans un climat de suspicion, de violence, de repli, toujours plus grave.

Mais voilà, il ne suffira pas d’une nuit, la précipitation de cette campagne ne nous permettra pas de construire si vite un renouveau démocratique dans lequel toutes et tous doivent désormais s’engager…

Nicolas Dubourg au cours de la nuit du 4 juillet dans la cour d’honneur du Palais des Papes.

Au cours de cette nuit d’Avignon, plus de deux mille personnes se sont rassemblées dans la cour d’honneur du Palais des Papes. Artistes, représentantes et représentantes syndicaux, et d’autres personnes de la société civile se sont succédé pour exprimer leur résistance à la haine et former une chaîne d’espoir contre l’accession de l’extrême droite au pouvoir.

Il ne suffira pas de se contenter de mots ou d’idées car les idées ne peuvent pas mener à un ancien ordre du monde, elles peuvent mener juste à des idées au-delà à l’ancien ordre du monde. Des idées ne peuvent rien réaliser. Pour réaliser des idées, il faut des hommes et des femmes qui mettent en jeu une force pratique.

Alors dès aujourd’hui, c’est au service de cette force pratique qu’il nous faut travailler. C’est en tissant dès à présent des liens de travail et de solidarité avec toutes celles et ceux qui entendent la colère mais ne veulent pas se résoudre à la fatalité ou pire encore aux mensonges.
C’est en constituant les réseaux de protection et d’émancipation pour toutes celles et ceux que les pensées racistes ou identitaires stigmatisent car nous savons déjà que demain comme hier l’autre c’est déjà nous.

Le spectacle vivant y prendra toute sa place par le lieu d’agora permanent qu’il constitue, par la force des imaginaires qu’il sait construire et mettre en partage par les relations puissantes qu’il a su tisser sur les territoires aux côtés des enseignants, des soignants, des personnels de justice, des travailleurs sociaux, des éducateurs sportifs, des professionnels du tourisme et par-delà avec l’ensemble des secteurs économiques situés au plus près des habitants.

Plus que jamais solidaires, plus que jamais mobilisés, plus que jamais au travail.

Oui nous sommes nombreux, oui nous sommes plus nombreux et désormais il ne nous reste
plus qu’à nous faire entendre. »

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