La nouvelle ministre de la Culture a annoncé vouloir faire de la vie culturelle en milieu rurale une priorité. Celle-ci fait pour beaucoup écho à nos propres réflexions sur le service public des arts et de la culture et sur la mutation écologique du spectacle vivant, consultables ici
A noter tout de même que cette concertation en ligne n’est précédée d’aucune définition du concept de « ruralité¹ ». Celui-ci mérite tout de même d’être approfondi car il peut décrire des réalités très différentes, du village de campagne très isolé sans continuum urbain, à la zone péri-urbaine éloignée de la centralité mais non dépourvue de lien avec elle. Ces réalités racontent aussi des stratégies des habitants dans leur relation au service public auquel il faut être attentif (cf. notre travail sur SPAC).
Nonobstant ces nuances, nous invitons nos adhérentes et adhérents à répondre à ce questionnaire, qu’ils soient ou non situés en zone rurale, soit en répondant sous l’angle « consultation des acteurs culturels », soit celui de la « consultation habitants »
Le Syndeac doit porter une parole forte dans cette consultation autour de la question des moyens nécessaires au développement des missions de service public en milieu rural, comme d’ailleurs dans tous les autres territoires. Nous faisons en effet de la mobilisation budgétaire la priorité absolue. Cette consultation doit permettre de le dire fortement et d’insister sur les coopérations territoriales aujourd’hui insuffisamment développées.
Il convient particulièrement de mettre en avant :
– les enjeux de mobilité et la nécessité de développer les offres de transports collectifs pour aller vers l’offre culturelle dans le cadre d’une mutation écologique ;
les nécessaires financements à la création artistique elle-même et à la diffusion qui doit l’accompagner, pour aller vers les publics dans les territoires éloignés des centralités urbaines (cela ne vise pas que le rural pur.)
– le besoin de développer des résidences artistiques sur des temps longs sur tous les territoires et d’en faire un élément majeur de rencontre avec les citoyennes et citoyens ;
– le soutien à toutes les formes de coopération professionnelle qui permettent de renforcer les actions de diffusion sur tout le territoire ;
– l’importance des actions d’éducation artistique et culturelle qui, dans les territoires ruraux comme ailleurs, nécessite un partenariat très fort entre nos adhérents et adhérentes, les rectorats et les établissements scolaires, et les collectivités territoriales ;
– la nécessité aussi d’inventer des modes de coopération renforcé entre l’Etat (Drac) et les collectivités territoriales, notamment rurales (pour développer en particulier des compétences en ingénierie de projet).
Nous profitons de ce message pour diffuser le rapport d’évaluation réalisé par l’Inspection Générale des Affaires Culturelles (IGAC) récemment rendu public par la ministre, et relatif à l’action des labels de la création dans les zones rurales. Ce rapport décrit fort bien l’importance des actions mises en œuvre et leur sous financement chronique.
¹ Définition Insee : Réalités multiformes et hétérogènes selon leur géographie et leur histoire, les espaces ruraux se définissent d’abord par leur faible densité de population.
Jusqu’en 2020, l’Insee définissait le rural comme l’ensemble des communes n’appartenant pas à une unité urbaine qui est caractérisée par le regroupement de plus de 2 000 habitants dans un espace présentant une certaine continuité du bâti, censée caractériser les « villes ». La définition proposée ici rompt avec cette approche centrée sur la ville. Les territoires ruraux désignent désormais l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses d’après la grille communale de densité. Ils réunissent 88 % des communes en France et 33 % de la population en 2017.
Cette seule caractéristique de l’espace rural ne permet pas d’en appréhender toutes les dimensions. Il faut y associer des critères de type fonctionnel, notamment le degré d’influence d’un pôle d’emploi. Avec cette approche, quatre catégories d’espaces ruraux se dessinent, allant des communes rurales très peu denses, hors influence d’un pôle, aux communes sous forte influence d’un pôle. Cette classification va ainsi de communes où la population stagne à des communes attirant des populations plus jeunes, et dont la dynamique dépasse celle des communes urbaines. Cette approche permet de définir statistiquement un continuum allant des espaces les plus isolés et peu peuplés jusqu’aux espaces ruraux les plus urbanisés. À l’inverse, les territoires ruraux ont ceci en commun qu’en moyenne les disparités de revenus y sont nettement plus faibles que dans l’urbain, du fait d’une moindre présence de ménages sous le seuil de pauvreté dans les communes sous influence d’un pôle, et du fait d’une moindre présence de ménages aisés dans les communes les plus isolées.