2021 s’annonce une année à très hauts risques. Comme nous l’avions souligné dès les premières semaines, la crise, en affaiblissant nos ressources et en soulignant la fragilité de nos étais politiques, nous pousse à bousculer nombre de nos certitudes.
Que nous soyons encore intégralement fermés, malgré des protocoles sanitaires exemplaires – que nous avons proposé de renforcer – confine à l’entêtement. Que les publics scolaires ne puissent être accueillis dans nos établissements, pour participer aux activités d’éducation artistique et culturelle mises en œuvre par les équipes artistiques, alors même que les établissements scolaires sont ouverts, nous laisse sans voix. J’ai personnellement interpellé le Premier ministre sur ce point précis. Jean Castex a même exprimé son approbation à cette idée, mais le 7 janvier 2021, il a maintenu l’interdit.
Fin décembre 2020, le Conseil national a soutenu l’initiative collective d’intenter un « référé liberté » contre le décret du Gouvernement maintenant la fermeture de tous les établissements culturels. Cette initiative fédératrice a été un échec, sur le plan du résultat judiciaire, mais un signal fort de convergence entre tous les acteurs de la culture de notre pays. La décision du Conseil d’État, en elle-même, mérite d’être lue attentivement. Elle constitue une critique nette de l’action gouvernementale qui n’a jamais pu démontrer les risques encourus par les publics dans nos établissements, alors que le juge administratif reconnaît la liberté fondamentale à laquelle il est porté atteinte et dont nos concitoyens ne peuvent être privés durablement. Nous espérions que cette décision aurait été lue par le Gouvernement avec plus d’attention. Les décisions annoncées, le 7 janvier, en constituent un démenti déplorable.
Nous craignons les effets dramatiques d’une fermeture qui n’a que trop duré. Dans notre relation aux tutelles locales, nous devons rester vigilants à ce que les budgets des collectivités ne soient pas votés à la baisse après une telle « inactivité » ! Et que dire de ces villes ou agglomérations, où les nouvelles équipes élues en mars dernier ciblent les économies à réaliser sur certaines scènes nationales ou scènes conventionnées, la culture servant une nouvelle fois de variable d’ajustement ? Le rempart de l’État nous manque cruellement. C’est un fait.
2021 sera donc une année de mobilisation pour la sauvegarde d’un service public de la culture, fragilisé par les effets de la crise et les attaques menées par certain·e·s élu·e·s, toute couleur politique confondue, hélas ! Mais au-delà de ce travail acharné que nous menons ensemble, unis, forts de la diversité qui fait à la fois notre richesse dans le débat et notre force dans la négociation, il nous faut préparer la suite, c’est-à-dire l’élection présidentielle de 2022. La Commission pour un service public de l’art et de la culture est le centre de ce travail collectif que nous menons intensément, et qui va nous occuper une part importante de l’année. Nous voulons faire de ce chantier, la colonne vertébrale d’une politique culturelle refondée, que nous puissions mettre sur la table du débat public à venir.
L’année qui débute doit aussi nous permettre d’approfondir nos travaux dans le cadre de la chambre syndicale : accaparés par la crise, les partenaires sociaux ne parviennent pas à négocier de nouveaux accords. Nous espérons définir un calendrier social de la négociation collective pour poursuivre la mise à jour de notre outil conventionnel de manière constante.
Comme nombre d’entre nous, la fatigue et le doute face au caractère totalement inédit des questions que nous devons affronter, mettent notre capacité d’écoute mutuelle et de recherche de consensus à rude épreuve.
Le Bureau est au travail pour faire face à ces défis, en reposant sur la confiance du Conseil national, qui demeure toujours le lieu du débat et de la décision, la légitimité syndicale en dépend.
Nous espérons – et tel est notre vœu pour 2021 – que nous allons dans quelques semaines, sortir de ce cycle pandémique infernal. Mais il nous faudra tirer les conséquences de la crise et de tout ce que notre écosystème aura révélé à cette occasion. Le chantier pour un service public de la culture doit y veiller attentivement, et les contributions de chacune et chacun, en sont l’élément moteur.
Bonne année à toutes et à tous.
Nicolas Dubourg
président du Syndeac