Le Syndeac était représenté par Mirabelle Rousseau.
Dans son discours introductif, la ministre Françoise Nyssen, a rappelé qu’il est des domaines dans lesquels nous ne pouvons plus attendre que les choses changent d’elles-mêmes. « Parce qu’elles ne changeront pas. L’égalité femmes-hommes a fait plus de progrès en soixante-dix ans, sans doute, qu’en plusieurs millénaires. Mais la plus grande erreur serait de croire que nous avons accompli l’essentiel du chemin. Non. Nous en avons fait la moitié. Nous avons fait celui de l’égalité en droit. Nous devons accomplir celui de l’égalité en actes. »
Elle a ensuite rappelé quelques chiffres récents : on ne compte que 3 femmes directrices sur 19 Centres chorégraphiques nationaux ; 10 femmes directrices sur 85 Scènes de musiques actuelles ; 8 femmes directrices sur 36 Centres dramatiques nationaux ; aucune femme à la tête de l’un des 7 Centres nationaux de création musicale ; aucune femme cheffe d’orchestre à la tête d’un orchestre labellisé par l’Etat alors que nos voisins européens accueillent nos cheffes françaises.
La Ministre a annoncé que le label « égalité professionnelle » de l’AFNOR a été obtenu par le Ministère de la Culture qui est le 1er ministère à entrer dans cette démarche. Une vingtaine d’opérateurs du Ministère se sont engagés aussi. Au sein du Ministère, les écarts constatés de rémunération sont encore de 10 %, et une enveloppe de 500.000 € est dégagée sur le budget 2018-2022 pour résorber ces inégalités.
Parmi les autres mesures annoncées, on note la mise en place d’une prise en charge des frais de garde d’enfants pour les intermittents (AGEDATI) dans le cadre du FONPEPS.
Concernant les écoles d’enseignement, sur les 75 établissements du ministère de la Culture, seuls 26 sont dirigés par des femmes. La Ministre a annoncé un objectif de parité en 2022 rendu possible par 27 renouvellements en 2018, 21 en 2019, et 18 en 2020. De même, la parité dans les comités de sélection sera la règle des 99 écoles financées par le Ministère, ainsi qu’une alternance F/H des présidences des jurys. Une charte prévoit enfin de lutter contre le harcèlement, d’inciter les étudiantes à envisager tous types de professions.
Pour les établissements labellisés spectacle vivant et arts plastiques, l’objectif de progression de la parité dans les nominations et les programmations a été fixé dans la circulaire du 8 mars 2017. 35 mandats arrivent à échéance en 2018. En lien avec les collectivités territoriales partenaires, le sujet de la parité dans la sélection et la nomination sera porté dans un groupe de travail du Conseil des Collectivités territoriales pour le développement culturel. Un bilan sera rendu fin juin 2018, sur la base duquel des objectifs chiffrés contraignants pourraient être fixés, et des pénalités envisagées en cas de non-respect. Les objectifs de progression visée sont déterminés : + 10 % par an de femmes pour les catégories de labels dans lesquels elles représentent moins de 25 % des dirigeants ; + 5 % par an pour les catégories de labels dans lesquels elles représentent entre 25 et 40% des dirigeants.
Des objectifs en matière de programmation sur les mêmes bases chiffrées sont envisagés. Un suivi sera instauré avec un système de malus sur les subventions pour les labels ne respectant pas leurs objectifs. Pour la Ministre, « la programmation est un enjeu majeur » pour donner une juste reconnaissance aux artistes femmes actuelles, et pour préparer l’avenir en suscitant des vocations chez les jeunes filles.
Au cours des échanges qui ont suivi, les représentants des professionnels du secteur ont salué la dynamique et l’ambition des engagements. Il a été relevé que les médiathèques sont encore constituées à 98% de livres écrits par des hommes, ou qu’en enseignement théâtre obligatoire au lycée, pas une seule œuvre écrite par une femme n’est entrée au programme du baccalauréat option théâtre. Un lien doit être fait avec le ministère de l’Education sur ces questions.
Dans le cadre de la démarche de norme AFNOR, le prix des études a été considéré comme un frein pour les établissements. La grille d’observation des parités dans les établissements labellisés est attendue avec vigilance, de même les précisions sur le système de « malus » dans la subvention : si chacun souhaite passer de la conviction aux actes, certains sont plus réservés sur l’égaconditionnalité des subventions. L’idée de constituer une plateforme culture/parité alimentée par les lieux et les acteurs a été avancée.
Feuille de route Égalité 2018-2022 – 7 février 2018