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Retour sur la rencontre inter-régionale Languedoc-Roussillon Midi Pyrénées

17 février 2015 à l’Agora Cité internationale de la danse, à Montpellier

 

La rencontre organisée à Montpellier concernent deux régions appelées à fusionner au 31 décembre 2015 : le Languedoc-Roussillon et le Midi Pyrénées.Les adhérents étaient ainsi invités à se retrouver à l’Agora Cité internationale de la danse pour envisager ensemble puis avec leurs partenaires professionnels et institutionnels l’impact de cette fusion et de la loi NOTRe sur leur avenir, et discuter d’une méthode de dialogue entre professionnels et décideurs publics.

 

1. La réunion de la matinée, réservée aux adhérents du SYNDEAC, a d’abord été l’occasion d’un véritable état des lieux : sur les pertes de financements des collectivités territoriales et les attaques sérieuses dont certains établissements sont la cible (Villeneuve-lès-Maguelones). La politique culturelle est devenue un axe de la politique du tourisme au détriment d’un engagement politique en faveur la place de l’art dans la société. L’incompréhension – ou le manque d’intérêt – des élus et des services concernant l’action effectuée sur le territoire, incite ces derniers à s’engager sur la voie de la production d’animation culturelle, parfois clientéliste, avec la tentation de la municipalisation des équipements conventionnés ou labellisés (dont ils ne connaissent pas les missions ou les topologies).

Quelques axes prioritaires ont été dégagés :

 

  • Faire entendre qu’il y a urgence à faire repenser cette politique art / culture comme politique de service public, à justifier à nouveau la place de l’artiste dans la Cité,
  • Démontrer que la réforme territoriale peut être l’occasion de redéployer sur un territoire plus intéressant que la seule métropole (la recentralisation en cours entrainant une asphyxie des créateurs),
  • Revenir sur le terrain de la lutte contre un préjugé important : notre secteur serait dépensier et mauvais gestionnaire. Ce regard de suspicion porte préjudice à nos structures et nous avons les arguments pour prouver que si ce n’était déjà pas le cas, les politiques restrictives nous ont déjà imposé d’énormes économies nous contraignant à la gestion de la pénurie. Il faut défendre notre bilan avec fierté : la fréquentation de nos salles, assez exceptionnelle, est niée, 17% de la population allant au théâtre : c’est un chiffre important,
  • Nous adapter à notre interlocuteur, et s’il n’est malheureusement pas porté sur l’art, lui démontrer les impacts de notre action à d’autres endroits (tourisme, social, emploi) dans un discours adapté : c’est le seul moyen d’obtenir un développement du maillage territorial, une augmentation des capacités de co-production et d’adresser dans le même mouvement, la question de la précarité des intermittents.
  • Lutter contre un autre aspect du marketing territorial : la tentation de chacun des échelons d’avoir son équipement, ou encore son festival, au lieu de favoriser les projets montés en concertation par plusieurs échelons.

 

Concernant la fusion des territoires à venir, l’inquiétude demeure compte tenu d’un niveau de financement public de la culture bien inférieur en Midi-Pyrénées qu’en Languedoc-Roussillon (première région en termes de financement de la culture, même si l’heure est à la restriction), d’un discours de crise qui justifie la baisse par la mutualisation y compris sur des territoires en capacité de sauvegarder ces budgets déjà trop faibles (Ville de Toulouse notamment). Pourtant, les interventions régionales s’adressant sur ces territoires à des secteurs différents (par exemple pour le spectacle vivant, l’accent est mis sur le théâtre et la danse en Languedoc Roussillon, la cirque et la musique en Midi-Pyrénées), la réforme pourrait appuyer cette complémentarité des expériences d’actions publiques. Nos adhérents ont également réaffirmé la nécessite d’un Etat présent sur les territoires et ayant un réel levier financier : les DRAC déploient une expertise qui légitime notre expertise professionnelle et participent au travail de pédagogie nécessaire auprès des collectivités.

 

2. La réunion de l’après-midi a réuni environ 150 personnes, professionnels de la culture et artistes reflétant la diversité du paysage culturel des deux régions, élus et services, et des collectivités territoriales des deux régions ainsi que des services de l’Etat. 

 

Jean-Claude Miaille, président de Montpellier Danse a accueilli l’assemblée en rappelant que la dimension collective de la production culturelle, le coût des matériels et des locaux est une inquiétude permanente pour les directeurs et gestionnaires des structures et ce, particulièrement dans une période de raréfaction des ressources. A l’heure de la naissance d’une future grande région, il a rappelé que si les politiques culturelles pouvaient revêtir des enjeux différents à chacun des échelons, elles ne pouvaient être limitées à la seule gestion financière : il faut prendre en considération la dimension artistique. La situation économique rend nécessaire cette rencontre et ce dialogue des deux sphères.

 

La réunion introduite et animée par Emmanuel Négrier, directeur de recherche CNRS, s’est ouverte sur une présentation les grandes étapes de la réforme territoriale et a rapidement dépeint la situation des territoires composant la future grande région, notamment en termes de financements des régions et départements. Emmanuel Négrier a également souligné une comparaison avec une autre région européenne : l’addition des deux budgets régionaux de la Culture des conseils régionaux est sept fois inférieure au budget de la Catalogne – un argument possible pour lutter contre toute drastique diminution des crédits.

 

Josiane Collerais, vice-Présidente à la culture pour la Région Languedoc-Roussillon, a précisé les modalités d’organisation de « l’union » des deux régions : un comité de pilotage avec les deux présidents, les DGS et les directeurs de cabinets se réunit en alternance dans les deux métropoles. Il sera prochainement mise en place un comité de suivi – et c’est dans cette instance que sera élaboré un travail conjoint entre les deux vice-présidents, mettant en valeur les forces des politiques de chacun (stratégies différentes) – ainsi qu’un comité technique. Josiane Collerais s’est engagée à défendre une conception de l’art et de la culture portée par les professionnels du secteur mais aussi à refuser toute guerre de chapelles, qui ferait du tord à la Culture par rapport à d’autres secteurs : il faut porter un projet commun des secteurs (arts plastiques, spectacle vivant etc.).

 

Guy Barral, Conseiller Communautaire de Métropole de Montpellier, a soutenu la chance que représentait le fait d’avoir deux métropoles sur le territoire et a affirmé que les métropoles de Montpellier et Toulouse avaient engagé un dialogue basé sur un partage des coopérations, une répartition des attributions. Il a également souligné que la métropole appliquerait une diminution des crédits de la culture à égalité avec les autres secteurs, qu’il n’y avait pas de volonté de faire de la culture une variable d’ajustement.

 

François Duval, délégué à la danse à la DRAC Languedoc-Roussillon a quant à lui rappelé la spécificité des services déconcentrés de l’Etat en région dont peu de pays européens disposent et la spécificité languedocienne d’une instance de dialogue entre l’Etat et les collectivités dédiée à la culture : le COREPS. Un débat s’est engagé sur les modalités d’un élargissement du COREPS à la région Midi-Pyrénées mais également sur la question de la représentativité de ses membres, mais il est en tous cas apparu clairement que c’était pour le secteur le meilleur endroit pour élaborer une politique concertée entre les professionnels, l’Etat et les collectivités territoriales.

 

Jean-Claude Fall, délégué SYNDEAC Languedoc-Roussillon a insisté sur le rôle primordial de l’Etat qui ne peut se limiter au seul travail d’expertise, mais également doit se positionner comme clé de voute des financements croisés.

 

Le débat a mis en relief l’inquiétude des structures et notamment des compagnies face à la situation politique et économique du secteur, de la précarisation du secteur et de ses intermittents en regard de la confiance dans le processus posée par la DRAC ou le Conseil Régional. De l’insupportable pression qui force inéluctablement les structures à travailler avec toujours moins, sans que jamais les collectivités ne prennent la mesure du bilan de l’action culturelle. De la nécessaire refondation de cette réflexion sur le rôle primordial de la culture après les événements de janvier 2015. Un paradoxe dans l’intérêt des élus pour le secteur a été souligné : le secteur est économiquement sacrifié alors même que certains élus s’en emparent et tentent de manipuler nos projets, dans une censure, dans une instrumentalisation.

 

Les échanges se sont également orientés sur le travail d’élaboration politique des professionnels de la culture attendu par certains élus qui parfois souhaitent s’en saisir et de la déception des professionnels de ne plus trouver de politiques ayant eux-mêmes une vision pour ce secteur, mais des gestionnaires. Les professionnels s’interrogent sur la qualité d’une réforme qui ne soit pas initialement fondée sur une politique forte et qui apparaît comme jacobine. Il semble néanmoins que chacun soit d’accord pour travailler ensemble à l’élaboration d’un projet commun pour le territoire, notamment au sein du COREPS. Ce projet ne pourra passer par la réduction de la dépense publique pour le secteur, ni par le recours systématique au partenariat public / privé (en ce qu’il induit toujours des dépenses nouvelles). Une piste de réflexion a néanmoins été dégagée : la conditionnalité des aides publiques.

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